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Tracés, hors-série 2009

Tracés, hors-série 2009

A quoi servent les sciences humaines (I)


Tracés



Aujourd'hui, les sciences humaines et sociales, encore tenues pour « molles » et « inutiles », sont rendues invisibles par l’étanchéité entre le monde de la recherche et la sphère médiatique, ainsi que par la difficulté qu’elles ont à se vulgariser aussi facilement que les sciences expérimentales. Pourtant, la demande sociale de production de ces savoirs n’a jamais été aussi forte, que ce soit de la part des décideurs politiques et économiques, des associations, des entrepreneurs, des militants, des artistes. La réussite des cabinets de conseils, la multiplication des divers observatoires publics (nationaux, régionaux ou municipaux) ou associatifs (l’Observatoire international des prisons), la floraison des directions d’études économiques internes aux entreprises, le développement des « recherches-actions » (où la recherche menée a une visée d’amélioration locale d’une pratique, éducative par exemple) et même la diffusion du « storytelling » dans nombre de pratiques de management, tendent à prouver « l’utilité » des sciences humaines.

Face aux mutations de la recherche et de l’enseignement (baisse du nombre de postes, difficultés à convertir nos diplômes sur le marché du travail, mais aussi méconnaissance des diverses façons dont peuvent être utilisés nos travaux), le cycle que nous ouvrons, avec la publication, dans ce hors série, de ses deux premières journées d’études, trouve son origine dans la volonté de dynamiser la recherche en sciences humaines et sociales et d’en montrer toutes les potentialités. Nous avons choisi d’explorer les nombreux univers sociaux qui s’emparent des productions de sciences humaines, qui s’enthousiasment à leur lecture, qui les critiquent, qui les instrumentalisent, qui les bricolent. En recueillant une masse conséquente de témoignages sur les usages des sciences humaines et sociales, nous espérons valoriser ces dernières dans l’espace public.