Nous entendons souvent qu'être en couple avec une personne qui parle une autre langue en favorise l’apprentissage. Mais est-ce vraiment le cas ?
Dans une perspective sociolinguistique et une vision socioconstructiviste du développement humain, cet ouvrage cherche à comprendre l’influence qu’exerce sur l’appropriation d’une nouvelle langue cette constellation conjugale de plus en plus fréquente, en Suisse comme ailleurs, qu’est le couple « à plusieurs langues ».
Destinée à des spécialistes de l’appropriation des langues, à des étudiants ou des lecteurs intéressés par ces questions, cette étude défétichise le couple, qui est considéré comme la rencontre de deux subjectivités unies autour d’un projet commun plutôt que comme un lien amoureux. Elle défétichise la langue, comprise ici comme un répertoire de possibilités expressives forcément plurilingue. Elle défétichise l’appropriation langagière, conçue comme un effet collatéral et contextuel de la vie et non comme un but en soi. Elle défétichise enfin le récit autobiographique qui, à travers la voix des partenaires des huit couples qui se racontent ici, devient la réflexion d’un soi ancré dans le social, d’un soi qui, loin d’être le simple narrateur de sa vie, en devient aussi l’acteur et le critique.