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Tracés, n°41/2021
Batailles de la faim
Tracés
La faim est un phénomène construit, inhérent aux sociétés humaines, quels que soient le niveau de ressources disponibles, les régimes politiques ou de gouvernance. Les relations entre faim et politique sont étroites : la faim cristallise des rapports de force et de pouvoir, donnant lieu à des batailles plurielles, tant matérielles que symboliques. Dans ce numéro, les textes soulignent les expériences vécues, les pratiques et les normes des acteurs, individuels, collectifs et institutionnels, et leurs multiples conflits et intérêts en jeu. Le double prisme politique et empirique retenu ici apparaît généralement comme un angle mort, voire un impensé, pour de nombreuses institutions (appareils d'État, acteurs de l'aide et du développement, etc.), qui déclinent la lutte contre la faim en objectifs normés, selon un processus souvent présenté comme consensuel. Or, la nature des pouvoirs et des visions antagoniques de la faim contredit les lectures technocratiques : les batailles naissent et se cristallisent du fait de rapports de domination, de logiques et d'intérêts opposables. Le dossier aborde ainsi les controverses autour de la définition et de la délimitation de la faim ; la faim comme source de revendication de droits et de ressources, ou comme outil de protestation et d'actions collectives ; l'utilisation de la faim à des fins de contrôle social et politique des populations. Ce faisant, nous espérons apporter des connaissances et des pistes de réflexion qui contribueront à faire de la faim un problème public et de l’alimentation un bien commun.
Éditorial
Batailles de la faim : jeux d'acteurs, d'échelles et de pouvoir
Par Pierre Janin, Natalia La Valle, Anne Lhuissier et Thomas Ribémont,
Articles
Quand la faim demeure. Politique et aide humanitaire dans une région marginalisée d'Éthiopie
Par Alice Corbet
« Remettre la vie parmi nous ». Expériences de la faim et organisation paysanne dans le Bas Nord-Ouest haïtien
Par Flore Dazet
Qu'est-ce qu’un cas de mortalité par la faim ? La surmortalité par la famine en débats au Bengale colonial (1873-1875)
Par Éléonore Chanlat-Bernard
« Les feuilles amères avaient un goût sucré » : la faim dans le Kampuchéa démocratique (1975-1979)
Par Sarah Privat-Lozé
Les coupons alimentaires de l’État-providence. Écrire au sujet du programme Food Stamps aux États-Unis (1966-1975)
Par Antoine Nséké Missé
Le glanage alimentaire en milieu urbain, ou la constitution de « protections rapprochées »
Par Martin Manoury
Going Hungry for Dyett : grève de la faim pour l’éducation publique à Chicago, don de soi et défense des intérêts de la « communauté »
Par Clément Petitjean
Notes
De Maze à Guantánamo : réflexions sur la temporalité des grèves de la faim et la mort lente en détention
Par Michelle C. Velasquez-Potts
Nourrir les « nouveaux » pauvres. Une enquête de terrain dans des services d’aide alimentaire parisiens au temps du premier confinement (printemps 2020)
Par Lorraine Guénée, Erwan Le Méner et Odile Macchi
Entretien
Covid-19 : « La faim se nourrit de toutes les inégalités, de toutes les vulnérabilités ». Entretien avec Jean-François Riffaud, Directeur général d’Action contre la Faim, 28 janvier 2021
Propos recueillis et présentés par Pierre Janin, Natalia La Valle et Thomas Ribémont
Natalia La Valle
: 156891212
Collaborations intellectuelles ou scientifiques :
Annabelle Allouch, Diégo Antolinos-Basso, Florian Besson, Natalia La Valle, Jean-Baptiste Vuillerod
Tracés, Hors-série 2021
Les sciences humaines et sociales au travail (III): Réseaux socionumériques et travail de la recherche
Depuis une quinzaine d'années, le développement des réseaux sociaux numériques (RSN) et leurs usages ont bouleversé l'espace public et les pratiques professionnelles, intimes, et militantes. Quels en sont les effets sur la production scientifique et sur l'identité professionnelle de ses artisan-e-s ?
Amina Damerdji, Samuel Hayat, Natalia La Valle, Christelle Rabier
En considérant les chaînes du travail éditorial, les temporalités et les conditions sociales de production comme la place des différent-e-s actrices et acteurs dans l'élaboration des revues scientifiques, ce numéro HS de Tracés veut réfléchir aux effets du format revue sur la production et la réception du savoir en sciences humaines et sociales.
Natalia La Valle, Barbara Turquier, Bruno Vétel
Ce numéro de la revue Tracés souligne l'intérêt, pour les chercheurs, de se pencher sur des aspects de l'activité ludique qui peuvent ne pas être – ou ne pas paraître – essentiels au fonctionnement du jeu lui-même, mais qui peuvent indéniablement l'orienter ou modifier les enjeux sous-jacents de l’activité.
Olivier Allard, Guillaume Calafat, Natalia La Valle
Ce hors-série de Tracés repose sur l'idée que l'espace universitaire est mondialisé mais loin d’être homogène pour autant : si beaucoup de travaux étrangers sont (plus ou moins) accessibles aux chercheurs français, ils ne sont pas tous également lus et discutés. Il y a donc un intérêt à débattre spécifiquement de l’œuvre d’auteurs étrangers.
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