Ce numéro prend pour objet la question des apprentissages dans l'enseignement supérieur en mobilisant des méthodes et des concepts relevant de la sociologie du travail. Cette perspective s'avère heuristique pour rendre visible l'ensemble des activités et des dimensions constitutives du travail des étudiant.es. Cette approche permet de porter l’attention sur leurs pratiques effectives en prenant au sérieux leurs logiques propres, qui favorisent ou non leur réussite. Cet angle choisi permet de tenir ensemble les contraintes variées qui pèsent sur les apprentissages et le travail des étudiant.es. Il permet de voir comment ils et elles les renégocient, individuellement et collectivement. Cela permet en outre de comprendre qu’une partie de cette négociation ne tourne pas seulement autour de strictes questions de savoirs mais engage plus largement des rapports aux études, des ethos ainsi que des activités afférentes aux savoirs et liées au curriculum caché (gérer le temps, les efforts, les émotions). Recourir à la sociologie du travail pour des objets usuellement réservés à la sociologie de l’éducation et de l’enseignement supérieur permet de les « déscolariser » temporairement et, ce faisant, d’éclairer des logiques et des pratiques habituellement non visibles dans les approches scolaro-centrées.