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Mots. Les langages du politique, n°132/2023
Les mots du vote de la Rome antique à la Révolution française
Mots. Les langages du politique
Aucune étude d'ensemble n'ayant encore été consacrée au lexique latin du vote en général, et de l'élection en particulier, ce dossier propose d'aborder l’analyse de ces réalités politiques anciennes par l’angle d’attaque lexicologique, souvent discrédité dans les travaux historiques. Si les Romains disposaient d’un riche vocabulaire pour qualifier les pratiques de désignation à des charges publiques, la dimension proprement technique de celui-ci n’est pas évidente, et il convient d’étudier les contextes historiques, politiques et littéraires d’emploi des principaux termes latins de l’élection (creare, facere, suffragium, etc.). Lexique vivace et mouvant, même pendant la seule période antique – entre latin et grec, époque républicaine et époque impériale –, les mots anciens du vote ont connu une fortune considérable au Moyen Âge, à la Renaissance et à l’Âge classique, à mesure qu’ils étaient lus, interprétés et parfois traduits par les commentateurs des textes classiques et les acteurs politiques de ces périodes. Il importait donc de proposer des analyses contextualisées des cadres divers dans lesquels ce vocabulaire pouvait être réemployé, voire remotivé. Avoir recours aux mots latins du vote n’est pas la même chose dans l’Italie communale des xiiie-xive siècles, lors des débats sur la notion de souveraineté au xvie siècle ou de ceux sur la citoyenneté au xviiie siècle. Traduire ces termes implique des choix idéologiques, latents ou affirmés, qu’il s’agisse de Pierre Bersuire (vers 1350), premier traducteur de l’œuvre de Tite-Live et de la lexie suffragium en français, ou des antiquisants de l’époque contemporaine.
Dossier
Introduction
Louis Autin, Virginie Hollard et Romain Meltz
Pour une généalogie des mots au service d'une mise en perspective des pratiques de vote
Article 1
Virginie Hollard
Creare : le verbe latin de l'élection chez Tite-Live ?
Article 2
Louis Autin
L’élection sans le vote. Le détournement du vocabulaire électoral chez Tacite
Article 3
Carole Mabboux
Création et circulation d’un lexique du vote entre France et Italie (xiiie-xive siècles)
Article 4
Shingo Akimoto
Le peuple ou la plèbe ? La compréhension du terme de comices tributes chez les érudits antiquaires à la Renaissance
Article 5
Henri-Pierre Mottironi
Quand le citoyen devint associé : effets de traduction et emprunts au droit des affaires dans la pensée politique française du xviiie siècle
Article 6
Christophe Le Digol
Electio, élection, élections. La tentation du nominalisme et l’objectivation d’une pratique d’État
Article 7
Romain Meltz
Dire un candidat à Rome sous la République
Varia
Varia 1
Eva Chaussinand
Le « déficit d’empathie » d’Emmanuel Macron ? Quand la presse décrypte les émotions présidentielles…
Varia 2
Damon Mayaffre et Laurent Vanni
« Projet », « renaissance », « renouveau »… : référence ou proférence dans le discours d’Emmanuel Macron ?
Comptes rendus de lecture
Dominique Desmarchelier
Damon Mayaffre, Macron ou le mystère du verbe. Ses discours décryptés par la machine
Marie Veniard
Michelle Lecolle, Les noms collectifs humains en français. Enjeux sémantiques, lexicaux et discursifs
Romain Meltz
: 152068147
Collaborations intellectuelles ou scientifiques :
Virginie Hollard, Romain Meltz
Ce dossier prolonge les apports scientifiques de l'ouvrage de Claudia Moatti Res publica. Histoire romaine de la chose publique qui pose une autre manière d'envisager un concept politique antique. Il étudie la question du rapport entre la langue et les pratiques et il interroge la manière dont le concept de res publica a été reçu par la postérité.
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