Il est paradoxal de parler d'une lecture d'avant qu'on sache lire. Et pourtant…
Et pourtant, il est très fréquent que des adultes lisent des livres aux enfants, et que – dans ces moments-là – les enfants ne soient pas des auditeurs passifs, mais soient conviés à prendre une part active à ces « lectures conjointes » ou « partagées ». Ainsi, depuis longtemps, l'École Maternelle propose à ses jeunes élèves des activités qu’on n’hésitera pas à appeler « lecture ». Qui plus est, des études récentes montrent que les compétences et habiletés acquises dans leur jeune âge autour du livre lu sont déterminantes dans le devenir scolaire des élèves : l’attention qu’on peut y porter contribue donc à réduire les inégalités et à préparer les voies d’une pratique cultivée de la lecture.
Ce numéro de Repères soumet plusieurs points à la réflexion. Certaines contributions attirent l’attention sur des objets d’enseignement parfois méconnus, tels l’entrée dans la fiction, la première pratique des écrits documentaires, les imagiers… D’autres interrogent la spécificité des lectures scolaires qu’elles confrontent aux pratiques familiales ou explorent des modalités de médiation peu fréquentes. D’autres encore offrent des propositions pour aménager des dispositifs féconds. Le point de vue des élèves eux-mêmes n’est pas ignoré. Cet ensemble n’apporte pas, bien sûr, de modèles définitifs pour assurer ce premier apprentissage de la lecture. Mais la diversité des recherches qui y sont présentées témoigne de l’importance des questions que pose à l’école le souci d’éduquer de jeunes intelligences.