L'histoire des élèves, tout en existant, a longtemps été le parent pauvre des travaux en histoire de l’éducation alors que les autres acteurs éducatifs étaient bien davantage travaillés (enseignants, étudiants, administrateurs etc.), tout comme le cadre législatif (les grandes lois, les réformes), les savoirs scolaires et les idées et méthodes pédagogiques. L’élève a longtemps été perçu au travers du seul prisme des représentations que délivrent les textes prescrits (définition d’un élève modèle), les témoignages littéraires et les récits de vie souvent écrits a posteriori ou les documents iconographiques. Il a ensuite été pris en considération mais comme unité de compte dans une volonté forte de disposer de statistiques sur la scolarisation et ses différentes formes selon les filières existantes. À partir du début des années 1990 cependant, les historiens, comme les sociologues, se saisissent davantage de cet acteur central des réalités scolaires qu’est l’élève pour étudier ses caractéristiques, sa vie quotidienne mais aussi ses perceptions et ses engagements dans la vie de l’établissement et dans la vie de cité. Ce numéro propose cinq approches historiographiques qui permettent de mettre en perspective l’évolution de la recherche sur l’histoire des élèves en France (époque moderne puis contemporaine), en Italie, dans trois pays de langue germanique et aux États-Unis.