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Laboratoire italien. Politique et société, n°24/2020

Écritures de la déportation

Édité par Enrico Mattioda

Laboratoire italien



Revue exclusivement électronique (à partir du n° 16/2015) disponible en libre accès sur OpenEdition Journals

Au-delà du succès tardif de Primo Levi, le témoignage littéraire en Italie de l'expérience de la Shoah ou de la déportation a été apporté par un nombre significatif d’hommes et de femmes. Ces témoignages apparurent dès 1945 et, parmi ceux-ci, certains sont dus à des femmes étrangères qui choisirent la langue italienne pour narrer l’expérience des Lager et qui insistèrent sur les aspects de la déformation du corps, de la nourriture, du rapport à la mère et du refus de la maternité. Ne manquent pas non plus les récits d’enfants cachés afin d’échapper à la capture et à la mort ; ou des expériences uniques comme celle de Luce d’Eramo, qui voulut expérimenter volontairement la vie des Lager ou, comme Helga Schneider, qui découvrit être la fille d’une criminelle nazie. Mais outre les déportés juifs, les déportés politiques firent eux aussi entendre leurs voix, au moyen de différents genres littéraires, allant de l’autobiographie à la fiction ; les reportages sur le ghetto de Varsovie ou les romans sur la rafle du ghetto de Rome ont eux aussi contribué à insérer la Shoah dans la mémoire culturelle italienne. Il nous semble important de revenir sur ces thèmes aujourd’hui, au moment où la vérité historique est mise en doute par le racisme et par les artifices rhétoriques de la « post-vérité ».