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Mots. Les langages du politique, n°117/2018

Mots. Les langages du politique, n°117/2018

Les « petites phrases »


Mots. Les langages du politique



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Revue soutenue par l'Institut des sciences humaines et sociales du CNRS.

Ce dossier s'attache à constituer en objet d'étude ce phénomène récent que l’usage courant désigne par l’expression « petites phrases ». Il vise ainsi à prolonger les travaux qui y ont déjà été consacrés en s’inscrivant dans une perspective résolument pluridisciplinaire. Issues des sciences du langage et de la communication comme des sciences sociales, les contributions qu’il rassemble permettent en effet d’envisager diverses facettes de cet objet multiforme.

Dans une perspective rhétorique et argumentative, Irit Kornblit s’attache à retracer au plus près les mutations de « La culture n’est pas une marchandise », qui oscille entre petite phrase et formule. Éric Treille concentre quant à lui son attention sur les conditions médiatiques et politiques du formatage en petites phrases de la parole politique, à partir d’un terrain riche d’enseignements : les débats télévisés des primaires de 2016 et 2017, qui lui permettent notamment de mettre en lumière la dimension stratégique de la petite phrase. Cette dernière est au cœur de l’article que Romain Mathieu consacre aux négociations électorales menées depuis 2009 entre les partis de la gauche radicale : les petites phrases y constituent pour les acteurs politiques des ressources à la fois efficaces et fragiles, dans la mesure où elles dépendent d’une diffusion médiatique que leurs auteurs ne maîtrisent pas. Les deux dernières contributions envisagent enfin de façon très différente la dimension péjorative attachée à l’expression « petite phrase » : Sarah Al-Matary et Chloé Gaboriaux s’interrogent sur la réalité de l’appauvrissement du langage politique dont les petites phrases témoigneraient, en les confrontant aux transformations en cours des clivages politiques ; Annabelle Seoane adopte une approche énonciative et pragmatique pour enquêter sur la catégorisation même de « petite phrase », où elle voit un acte de distanciation qui dévalorise l’énoncé diffusé tout en valorisant celui qui le diffuse.