En raison de nombreuses qualités supposées, les femmes en provenance des pays des Suds globalisés sont devenues une force de travail convoitée pour la prise en charge des personnes et des ménages. Parmi ces femmes, les Philippines sont devenues particulièrement louées pour leur « dévouement au travail », leur « patience », ou encore leur « docilité ». Cet ouvrage analyse comment, dans l'industrie migratoire philippine, ces travailleuses domestiques sont recrutées, formées, avant d'être déployées en Asie, au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique du Nord. À partir d’un travail ethnographique au sein des institutions philippines de la migration basées à Manille, ce livre questionne comment la fabrique institutionnelle de cette domesticité globalisée est étroitement liée à des processus d’altérisation qui participent à la disciplinarisation, la moralisation et la normalisation de ces femmes. Cette recherche examine à cet égard comment, à travers les pratiques de recrutement, de formation et de déploiement de ces femmes, l’altérité « Filipina » est co-construite par de multiples acteurs locaux, nationaux et transnationaux, tels que les agences de recrutement et les centres de formation prémigratoire. Ce livre offre ainsi la possibilité de penser la construction de l’altérité à partir de l’industrie de la migration et de l’histoire coloniale de l’archipel. Il contribue aux réflexions sur la colonialité du pouvoir, la construction genrée et raciale de la qualification, la normalisation des corps ou encore la gouvernance transnationale des migrations.