Décrire, comprendre, interpréter les évolutions des politiques de lecture en France et le jeu des acteurs, de 1980 à 2000, tel est l'objet de la recherche présentée ici. Au cours du XXe siècle, le problème social et culturel de l'insuffisance de l'offre de lecture est posé avec force par des militants, des bibliothécaires et des professionnels du livre et de la lecture. Dans les années quatre-vingt, les décideurs prennent en compte leurs revendications mais les politiques mises en oeuvre se présentent essentiellement comme des politiques d'offre. Les lieux de lecture se multiplient, la production des objets à lire s'intensifie, les acteurs concernés par la cause et par le marché de la lecture sont de plus en plus nombreux à intervenir. Au début du XXIe siècle, un consensus semble s'imposer. L'étude considère l'ampleur et les limites de ce consensus et propose une analyse de l'action de chacune des grandes catégories d'acteurs impliqués. Derrière quelques illusions et l'unanimité apparente des discours, la concurrence régit les relations entre les partenaires. Les politiques mises en oeuvre s'infléchissent en conséquence. Alors que l'éthique de conviction et les valeurs militantes se perdent, l'offre se rationalise, se professionnalise, s'institutionnalise. Elle structure la demande et gagne en rentabilité. La crise de la lecture n'en est pas pour autant épuisée. Les succès et les limites des politiques de lecture appellent d'autres mutations, notamment dans les manières d'offrir.