En 2015, les programmes d'enseignements français pour les cycles 3 et 4 assignent à l’enseignement de la littérature des enjeux littéraires et de formation personnelle. Parallèlement, les programmes d’enseignement moral et civique (en France) ou d’éthique et culture religieuse (au Québec) confèrent aux œuvres littéraires la possibilité de développer la pensée critique des élèves, leur responsabilité civique et leur réflexivité, sur les plans personnel et social. Ce numéro de Repères interroge cette évolution notable de la prescription institutionnelle relative aux enjeux éthiques de l’enseignement de la littérature et contribue à mieux en cerner les implications dans différents pays francophones, au primaire et au secondaire. Le « tournant éthique » en études littéraires, déjà ancien, jouit-il d’une réception renouvelée en didactique de la littérature ? Que signifie enseigner la littérature dans une intention éthique aujourd’hui ? Comment éviter l’utilisation moralisante, voire moralisatrice, de la littérature à l’école ? Comment articuler les valeurs analysables dans les œuvres, portées par chaque lecteur, (dé)construites dans les interactions en classe et prescrites par l’institution scolaire ? Qu’est-ce qui se dit et se tait, s’observe et se dissimule quand il s’agit d’éthique en classe de littérature ? Les auteurs abordent ces questions essentielles selon des perspectives épistémologiques, théoriques et praxéologiques croisées.