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Mots. Les langages du politique, n°134/2024
Mécaniques de la dépolitisation
Mots. Les langages du politique
La notion de dépolitisation a suscité depuis une trentaine d'années un nombre important de travaux en sciences politiques, mais demeure en revanche assez peu travaillée par les sciences du langage, du discours et de la communication. Ce dossier s'intéresse à la dépolitisation entendue comme expression d’un manquement, éventuellement volontaire, dans la mise en discours des conflictualités sociales de la part d’instances qui ont traditionnellement la charge de faire vivre la démocratie : élus et institutions de la démocratie représentative, médias d’information, agences et organisations parapubliques ou privées médiatisant une partie de nos sociabilités, choix et engagements.
Les articles présentés ici s’attachent à explorer plus avant les différentes mécaniques discursives de la dépolitisation, qu’il s’agisse plus particulièrement de la disqualification d’une mise en politique des thématiques et des sujets en jeu, du rétrécissement de l’espace du débat démocratique, ou encore de l’invisibilisation du politique par l’imposition progressive de rationalités supposément apolitiques. De la communication publique des ministères aux discours des acteurs de la tech, en passant par les différents dispositifs de gestion des débats écologiques et sociaux, les processus de dépolitisation se donnent à voir dans des contextes communicationnels très divers et peuvent être le fait d’acteurs également très différents, que ces contributions se proposent d’éclairer.
Dossier
Introduction
Valérie Bonnet, Emmanuel Marty et Cécile Robert, « Disqualification des conflictualités, rétrécissement du débat, invisibilisation des valeurs : la dépolitisation en discours »
Article 1
Zoé Kergomard, « Dépolitiser au risque de repolitiser l'abstention ? Les faux-semblants des campagnes gaullistes d'appel au vote (1958-1969) »
Article 2
Tatiana de Feraudy, « La civic tech dans la presse française, entre technicisation et privatisation du problème démocratique : quand la promotion de la participation citoyenne numérique mène à sa dépolitisation »
Article 3
Marguerite Borelli, « Lutter contre le "terrorisme" sur les réseaux sociaux : usages d'une catégorie politique dans les discours de Meta, Google et Twitter »
Article 4
Robin Gaillard, « Le progrès comme idéologie dépolitisante : analyse de la communication du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sur la loi de programmation de la recherche »
Article 5
Sophie Anquetil et Carine Duteil, « Dire l’urgence climatique : entre rhétorique scientifique de dépolitisation et procédure argumentative de politisation »
Article 6
Manon Pengam, « Les cahiers citoyens du grand débat national (2019) : d’un geste présidentiel dépolitisant à une (re)politisation citoyenne »
Varia
Varia 1
Cécile Balty et Valérie Mistiaen, « (Dis)continuités de la crise et de ses usages : 2022, une année charnière pour "la crise des réfugiés" » ?
Varia 2
Stéphanie Wojcik, « Proposition d’analyse de la conflictualité numérique : les commentaires sur les pages Facebook de deux candidats à la présidentielle française de 2017 »
Entretien
« Le politique n’existe que par le langage ». Entretien avec Paul Bacot réalisé par Sylvianne Rémi-Giraud et Valérie Bonnet
Comptes rendus de lecture
CR 1
Christian Le Bart
Thomas Frinault, Pierre Karila-Cohen et Erik Neveu, Qu’est-ce que l’opinion publique ? Dynamiques, matérialités, conflits
CR 2
Bernard Lamizet
Paul Bacot, Yves Déloye et Gaëtan Gorge, Quand la langue politique fourche. Lapsus, erreurs et malentendus
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