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Mary Astell et le féminisme en Angleterre au XVIIe siècle

Mary Astell et le féminisme en Angleterre au XVIIe siècle

Édité par Line Cottegnies

Les fondamentaux du féminisme anglo-saxon



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En 1694, Mary Astell connaît la célébrité pour un court essai A Serious Proposal to the Ladies for the Advancement of their True and Great Interest. Ce petit texte offre une défense vive et argumentée de l'éducation des jeunes-filles et propose notamment la création d'un collège entièrement féminin, institution laïque consacrée à la fois à l’éducation et à la retraite. Le débat passionné que cet essai suscite parmi ses contemporains, mais aussi sa fortune critique prestigieuse, en font le texte « féministe » le plus important du XVIIe siècle, à l’aube des Lumières. Si A Serious Proposal n’est pas le seul texte à tenter de promouvoir l’éducation des filles à cette époque, il est celui qui offre la synthèse la plus convaincante des enjeux de la question féminine et les propositions les plus audacieuses, parce qu’il appuie sa défense des femmes sur des fondements philosophiques cartésiens, tout en égratignant au passage John Locke. Pour mieux en saisir la portée, cette anthologie propose une sélection d’extraits de textes « préféministes » antérieurs qui permettent de retracer la généalogie de la pensée d’Astell en la replaçant dans le contexte de ce XVIIe siècle qui est le sien. L’inclusion de quelques textes postérieurs à la publication de A Serious Proposal permettra notamment d’éclairer la postérité critique d’un essai si paradoxal et de mettre en évidence l’intérêt majeur que Mary Astell présente pour l’histoire intellectuelle du féminisme.

Femme indépendante et théoricienne remarquable, Astell eut une influence considérable sur son temps. Par sa confiance dans la raison, sa croyance au progrès et aux vertus souveraines de l’éducation, elle appartient déjà au Siècle des Lumières, et cela en dépit de ses convictions politiques qui l’opposent, sur bien des points, aux causes qui allaient mobiliser les philosophes du XVIIIe siècle.