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Laboratoire italien. Politique et société, n°9/2009

Les écrivains italiens des Lumières et la Révolution française


Laboratoire italien



En retraçant plusieurs parcours d'écrivains italiens (Beccaria, les frères Verri, Cesarotti, Alfieri, Foscolo, Cuoco, Monti, Manzoni) au tournant des Lumières et au moment du premier romantisme, ce volume examine les attitudes et les positions de représentants significatifs de la culture italienne au contact de la révolution française et de ses effets en Italie. Une analyse comparée de différentes lectures et interprétations de l’« événement » – faites sur le vif, mais aussi a posteriori – permet d’évaluer les éléments de continuité entre Illuminismo et culture postrévolutionnaire.
Cette approche amène aussi à envisager les particularités de cette « révolution importée », selon la célèbre définition de Vincenzo Cuoco, que fut la « révolution » italienne du triennio rivoluzionario (1796-1799). L’analyse comparée de ces parcours d’écrivains et de leurs interprétations de la « grande révolution », interroge en effet nécessairement les éléments de continuité entre Lumières italiennes et révolution « jacobine ». Elle amène également à mesurer, dans l’évocation des peurs, des critiques et des incompréhensions de certains de ces hommes de lettres, les différences qui existent entre les idéaux et leur réalisation, lorsque sont concrètement remis en cause certains principes et hiérarchies fondamentaux de la société d’ancien régime.
C’est dans les ambiguïtés, et parfois les contradictions, des « intellectuels » et hommes de lettres face à la question du changement et de ses modalités en Italie que se construiront les paradigmes de ce que l’on appellera au XIXe siècle le moderatismo : celui des libéraux qui théoriseront la nécessité d’une voie italienne à la modernité, avec le souci constant de contourner le moment révolutionnaire. À cet égard la question de la « terreur » et du recours à la violence apparaît, dans l’ensemble du volume, comme une thématique centrale. Enfin, la question de la spécificité italienne du rapport entre littérature et politique y est nécessairement interrogée.