La republication de cet Imaginaire de Marseille intervient au lendemain de l'année 2013 qui a vu la cité phocéenne, élue capitale européenne de la culture, faire l’objet d’une redécouverte médiatique et d’un remodelage urbanistique spectaculaire dans le secteur de la Joliette. Emblématique de son identité portuaire, cette zone est aussi longtemps restée dans un coin sombre de l’imaginaire de la ville.
C’est ce jeu ambigu d’images et de représentations que cet ouvrage propose d’éclairer dans une vaste introspection historique et une lecture de géographie culturelle, croisant les discours et l’iconographie produite par l’élite locale avec l’interprétation des pratiques populaires. L’imaginaire de Marseille, qui voit la ville comme une charnière entre la France et l’Europe d’un côté, la Méditerranée et le monde de l’autre, se construit durant le premier XIXe siècle dans un mouvement qui porte ses marchands sur tous les océans, et voit affluer dans ses murs des populations diverses. Sa cristallisation se produit avec l’apogée de l’Empire colonial. À partir de la Seconde Guerre mondiale, la rétraction des horizons économiques marseillais, coïncidant avec l’extension métropolitaine et le bouleversement des pratiques urbaines, conduit à une crise de cet imaginaire, crise qu’affrontent encore aujourd’hui tant les responsables politiques que les citadins ordinaires.