Qu'entend-on par « apprentissage en situation de travail », qu’y apprend-on, comment et avec qui ? Ces questionnements, loin de constituer un inédit, trouvent cependant une forte actualité dans un contexte d’importantes mutations et d’enjeux socio-économiques sensibles touchant au travail, à l’emploi et à la formation. Le terme « tutorat » se retrouve mis sur le devant de la scène comme un levier auquel recourent de plus en plus fréquemment différents acteurs socioprofessionnels. Que peut recouvrir, autrement que par le discours social, la terminologie ainsi mobilisée ? Les contributions réunies dans ce numéro double tente d’explorer en quoi les interactions entre acteurs, qu’ils soient tuteurs « terrain », tuteurs « école », référents, maîtres professionnels, apprentis, alternants, stagiaires, etc., constituent une entrée privilégiée pour étudier les processus d’apprentissage en situation de travail. Plus précisément, nous explorons en quoi l’étude des conditions et des modalités de la rencontre entre ces acteurs permet de renouveler le regard porté sur les pratiques tutorales sur le lieu de travail. Cet intérêt pour les acteurs, leurs rencontres, mais aussi leur activité dans ses composantes sociales, relationnelles et interactionnelles s’est traduit par le choix de terrains d’étude variés. Ceux-ci permettent de documenter ces pratiques professionnelles et de formation à partir de données qualitatives constituées en grande partie par des démarches ethnographiques et des recherches-interventions.