Apparent paradoxe au regard de son titre : la revue Mots. Les langages du politique a retenu « le silence en politique » comme dossier de son prochain numéro. Le silence est généralement défini par la négative ou l'absence, opposé à la parole ou au bruit. Pour autant, le silence n’est pas nécessairement dépourvu de sens. Il est d’abord diversement perçu selon les époques et les cultures. Il peut ensuite être interprété différemment : la réponse par le silence à une question n’a pas la même signification en tout lieu. Il vaut accord ou acquiescement, comme en droit le plus souvent, selon le principe « Qui ne dit mot consent », mais peut aussi traduire le refus ou la désapprobation. Le silence est enfin valorisé ou déprécié en fonction des circonstances : il en est dans lesquelles il convient de parler, et d’autres où il est recommandé de se taire. Si les silences sont multiformes et polysémiques, silence et parole restent indissociables et inséparables. Mais quelle place et quelle importance accorder au silence dans l’analyse du discours ? Envers de la parole, point aveugle, partie fonctionnelle et structurante du discours, composant essentiel des énoncés, élément constitutif de la communication, mécanisme producteur du sens, « matière signifiante par excellence » ? Au-delà de ces interrogations, le dossier vise particulièrement les usages et les interprétations des silences en politique. On s’intéressera au silence politique lui-même et au traitement (médiatique notamment) qui en est fait, plutôt qu’au non-dit, à l’implicite, à l’indicible, à l’ineffable ou au refoulé des discours.