Pourquoi les grands alpinistes se détournent-ils de l'Everest ? Pourquoi refusent-ils l'oxygène artificiel sur certains sommets himalayens ? Pourquoi risquent-ils leur vie pour une ascension nouvelle ? Mais aussi, pourquoi sont-ils en majorité des hommes, qui plus est, des hommes longtemps issus des élites sociales ?
Théâtre de drames, pourvoyeur de héros, objet de polémiques, l'alpinisme de haut niveau fascine. Dans les discours qui l’entourent ressurgissent les mêmes images : celles d’une pratique grande et noble, qu’on ne saurait assimiler à un simple sport, dont les protagonistes dévoués corps et âme, sont prêts à se sacrifier pour une ascension inédite. À condition, cependant, qu’elle soit réalisée dans le bon esprit, car dans le grand alpinisme, il faut parvenir au sommet sans tricher, dans le respect d’une éthique stricte.
C’est cet esprit de l’alpinisme, synonyme d’excellence, que l’ouvrage interroge à travers une enquête originale, à la fois historique et sociologique. Mettant à profit des matériaux inédits, il emmène le lecteur des origines de l’alpinisme dans la grande bourgeoisie anglaise du xixe siècle, jusqu’au début du xxie siècle.
L’esprit de l’alpinisme, principe éthique et esprit de corps, s’inscrit dans des hiérarchies et des rapports de domination de classe et de genre, qui distinguent les élites des masses, les alpinistes des guides, les hommes des femmes. L’ouvrage dévoile comment, par-delà la diffusion, la démocratisation et la féminisation de l’alpinisme, son esprit, codifié il y a plus de cent cinquante ans par une petite élite masculine britannique, continue d’en refléter aujourd’hui les idéologies, au Royaume-Uni mais aussi en France. Ouvrage destiné à un large public, il intéressera, au-delà des universitaires et des amateurs d’alpinisme, toutes celles et ceux qui s’interrogent sur la manière dont des hiérarchies sociales et genrées se construisent et se maintiennent.