Les syndicats sont réputés aujourd'hui, sinon tout-puissants, du moins très influents dans la gestion de la carrière des enseignants. La cogestion qui s'exerce à travers les commissions paritaires est parfois analysée comme un trait d’un système néo-corporatiste ; mais pour caractériser cette situation, c’est parfois le corporatisme, en mauvaise part, qui est évoqué, au risque de faire tomber les luttes menées contre l’ « arbitraire administratif » dans les oubliettes de l’histoire. Il ne s’agit certes pas de restituer, dans un esprit apologétique, la mémoire des luttes menées par les personnels. Conformément au programme de la socio-histoire, il s’agit plutôt de montrer la genèse des idées et des conceptions qui ont abouti à la création d’institutions servant à administrer les hommes. Par ailleurs, le terme de corporatisme peut renvoyer à la « corporation enseignante », dont le souvenir a pu exercer une influence sur la façon dont la profession se représente. C’est pourquoi, associant histoire moderne et histoire contemporaine, nous avons choisi d’inscrire ce dossier dans le temps long. Le sujet peut paraître technique ; mais, croisant histoire administrative et histoire associative (et syndicale), il est bien une histoire d’hommes et de femmes. Au demeurant, on ne doit pas oublier que le but des organisations corporatives a d’abord été la défense du personnel. Négliger les questions dites « corporatives » serait ne pas rendre compte de la réalité du syndicalisme.