La biographie d'écrivain (sur un écrivain par un écrivain) est un genre qui a de très longues racines historiques, mais qui a connu, au cours des vingt-cinq ou trente dernières années, un développement fulgurant. C'est sans doute la levée – poststructuraliste – de l’interdit concernant la personne de l’auteur qui a permis, tout au moins en France, la résurrection d’une écriture biographique légitimée. On date en général cette renaissance du mitan des années 1980 alors que, coup sur coup, Duras, Robbe-Grillet et Sollers donnaient des textes (auto) biographiques au statut certes problématique mais néanmoins assumé. Savamment entretenu par des incursions dans le romanesque, par des transpositions diverses et par des nostalgies génériques nombreuses, ce flou générique apparaît d’ailleurs comme une caractéristique majeure de la production biographique de l’après-1980 – de ces écritures que nous désignons comme « nouvelles ».
Le lecteur trouvera ici des analyses d’une production qui veut bien renouer avec la figure de l’auteur, mais qui n’entend pas être dupe de ses chatoiements. L’« illusion biographique » (Bourdieu) a bel et bien vécu, et de nombreux biographes contemporains savent désormais que la vérité de l’autre ne peut être appréhendée que par le jeu des formes (ou par le jeu avec la mémoire des formes), si ce n’est, pour dire comme Lacan, « dans une ligne de fiction ».