Le choix du multilinguisme dans les organisations internationales implique un travail constant – et coûteux – de traduction et d'interprétariat, dont les répercussions politiques sont encore trop souvent sous-estimées. Ce sont ces dernières que le présent dossier vise à éclairer, dans une perspective pluridisciplinaire. Les contributions qu'il rassemble confirment, s'il était besoin, que la traduction n'est jamais neutre et que l’anglais – dans sa version globalisée – tend à s’imposer en dépit des proclamations de principe en faveur de la diversité linguistique. Mais leur apport va au-delà de ce constat. Qu’elles s’inscrivent dans les sciences du langage ou dans la science politique, elles montrent en effet très concrètement comment l’anglais internationalisé – et avec lui un système de valeurs et de domination – devient hégémonique, en s’intéressant moins aux manifestations les plus évidentes de ce processus qu’aux mécanismes peu visibles parce que routiniers et/ou dépolitisés qui le soutiennent.