Grande voix de la philosophie américaine du vingtième siècle, Stanley Cavell (1926-2018), héritier de Wittgenstein, s'est attaché sa vie durant à élargir le champ de la philosophie aux arts au service d’une philosophie du « langage ordinaire ». Jeune philosophe, nommé professeur à Harvard, il explora dans un séminaire d’esthétique, vingt ans avant Deleuze, le lien entre philosophie et cinéma.
De Frank Capra à George Cukor, Terrence Malick, Arnaud Desplechin ou les frères Dardenne, un fil court, celui des lectures philosophiques de Stanley Cavell et des films qu’elles ont inspirés. Peu d’œuvres philosophiques ont autant marqué la création cinématographique et le champ des études cinématographiques que celle du philosophe de Harvard.
De son chef-d’œuvre de 1971, La projection du monde, à ses derniers écrits sur le mélodrame, l’autobiographie et la critique, en passant par son livre sur la comédie hollywoodienne des années 1940, cet ouvrage éclaire l’ensemble de sa pensée. Il donne aussi la parole à trois cinéastes qui l’ont connu et qui ont été inspirés par ses écrits : Luc Dardenne, Arnaud Desplechin et Claire Simon.
Il se penche, enfin, sur le lien que Cavell a entretenu avec Terrence Malick à Harvard dans les années 1960, jetant les bases d’une pensée du cinéma qui prend son départ dans notre expérience aussi bien collective qu’intime des films. Cette expérience qui nous unit ou nous rapproche des autres. Et qui nous permet aussi, plongeant en nous-mêmes, de nous éduquer.