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Technique et société au Japon

Technique et société au Japon

Histoire sociale de l'enseignement technique (1945-1985)




L'enseignement technique japonais n'a guère retenu jusqu'ici l'attention des sociologues français étant donné qu'il ne joue pas comme en France un rôle décisif dans l aformation professionnelle. Pourtant, comme en France, les politiques scolaires et les réformes pédagogiques développées au Japon dans ce secteur de l'enseignement visent explicitement à assureraux élèves une formation professionnelle de qualité, adaptée aux exigences techniques du monde du travail. Il y a là un paradoxe que Joëlle Plantier s'efforce de résoudre en montrant que l'efficacité sociale d'un système d'enseignement technique ne se résume pas à cette fonction partielle de formation professionnelle mais qu'elle ne peut non plus s'accomplir sans elle dans les conditions sociales qui sont celles des sociétés capitalistes.
À travers l'histoire sociale de l'enseignement technique japonais depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, Joëlle Plantier montre que les besoins économiques en qualifications techniques sont toujours subordonnés aux enjeux politiques de la cohésion sociale qui exigent de l'école qu'elle réalise prioritairement l'adhésion de l'ensemble du corps social aux valeurs qui régissent le fonctionnement d'une société de classes, pour fonder sur le rapport de classes à ces valeurs la légitimité de la division sociale du travail.
En situant ces analyses dans une perspective de comparaison avec la France, Joëlle Plantier présente une réflexion neuve et originale sur l'enseignement technique. Saisissant ensemble, dans leurs interactions dialectiques, les fonctions sociales homogénéisatrices et différenciatrices de l'école, l'auteur met en relief cette fonction politique majeure de l'école qu'est sa mission de cohésion sociale et définit l'enseignement technique comme une modalité scolaire particulière d'accomplissement de cette mission.