La question du corporatisme a récemment été l'objet d'un regain d’intérêt au sein de l’historiographie grâce à une série d’études sur l’émergence, pendant l’entre-deux-guerres, de projets corporatifs dans le monde visant à reconfigurer la relation entre l’État et les intérêts socio-économiques, ainsi que les interactions et influences réciproques, selon une approche comparative, entre ces initiatives nationales diverses. L’adoption d’une législation et d’institutions corporatives a en effet été favorisée par une vaste circulation transnationale d’idées, de théories et d’expériences, parmi lesquelles le modèle de l’Italie fasciste a joué un rôle de première importance. Sur la base de cet intérêt renouvelé, ce numéro monographique offre une série de cas d’études sur la circulation, la réception et les formes d’influence et d’hybridation au sein de ce « laboratoire corporatif ». Afin de dresser un tableau d’ensemble et, en même temps, offrir de nouvelles hypothèses de recherche, les articles qui composent ce dossier correspondent à des enquêtes sur des cas d’études européens et non européens, reliés entre eux par des questions transversales communes, en particulier : les cercles politiques et intellectuels qui se montrent les plus réceptifs à l’option du corporatisme fasciste ; les convergences idéologiques et programmatiques entre mouvements politiques d’extrême droite, mais pas seulement ; l’influence et l’héritage du modèle italien dans l’évolution des théories et des politiques corporatives, même après la chute du régime fasciste.