Désastres et catastrophes sont ici envisagés à travers des formes de réponse qui concernent prioritairement la capacité des sociétés italiennes de la fin du Moyen Âge et du début de l'époque moderne à inscrire les calamités, par la langue, la littérature ou la philosophie, dans un horizon de compréhension collectif. La tension interprétative que l’on observe tout au long de ces siècles se déploie à travers une extrême variété de formes rhétorico-littéraires, qui constituent un terrain privilégié d’expérimentation herméneutique et formelle. Si les désastres, en plus de présenter des défis pratiques et techniques considérables, doivent aussi être appréhendés comme des constructions sociales et culturelles, il est alors nécessaire de rechercher dans l’histoire de la langue, de la littérature et plus largement de la pensée, les innovations, les ruptures et les évolutions qui sont partie intégrante de l’histoire des sociétés tardo-médiévales et modernes. Le dossier présente donc un parcours diachronique, où le cas de Naples et du Sud de l’Italie occupe une place particulière (dans le sillage du programme de recherche européen DisCompose), et se trouve mis en résonance avec un horizon plus large qui, au-delà des phénomènes naturels proprement dits, concerne l’histoire italienne tout entière. Les différents cas d’études proposés mettent ainsi en lumière le caractère discursif de la catastrophe (sous des aspects rhétoriques, linguistiques et formels) et son enracinement dans un terreau herméneutique propre à une époque et à une aire géographique donnée. Ils posent ainsi la question de l’existence d’un paradigme catastrophique qui travaillerait la culture italienne des siècles considérés et pourrait en constituer un trait spécifique.