Aux prises avec des tensions interethniques exacerbées à la fin des années 1960, le gouvernement malaisien a mis en place des réformes économiques orientées vers la croissance, mais dont l'objectif premier était la cohésion nationale. Or ce sont les effets massifs et durables de ces réformes qui ont forgé l'exceptionnel développement économique du pays. Au croisement d'interrogations sur la dynamique de la croissance, le développement asiatique, le poids des structures coloniales, le rôle de l’État et ses ambiguïtés, cette recherche sur les causes et les modalités du développement malaisien conduit à repenser la mondialisation. En effet, l’exemple malaisien éclaire de manière originale l’hypothèse d’un dépassement de l’État au sein d’une globalisation néolibérale : la souveraineté dont fait preuve le gouvernement malaisien sur la longue durée contraste avec la situation objective de ce petit pays dépendant de grands partenaires économiques et financiers qui sont aussi ses prescripteurs technologiques et culturels. La Malaisie révèle ainsi la possibilité politique de se frayer une voie singulière et autonome dans la mondialisation.