Partant du constat que les institutions religieuses et les initiatives qu'elles portent ont une place importante dans l’histoire de l’éducation, ce dossier analyse les modalités de la transmission religieuse, en particulier en milieu catholique mais non exclusivement, et en élargissant la perspective par rapport aux institutions scolaires. Sont examinés différents lieux, acteurs et événements qui concourent, en parallèle à la construction de l’école laïque et parfois en réaction à celle-ci, à maintenir et transformer le processus de transmission religieuse (savoirs, savoir-être, rituels et identités) à l’ère de la sécularisation. Les articles traitent d’une part de l’école et de son statut – privé ou public, religieux ou laïc – avec des exemples français, ainsi que l’étude d’un cas paradoxal, celui du choix par les parents d’un établissement français en Tunisie. Ils montrent que parents et institutions (État ou Églises) négocient, depuis la Révolution, pour conjuguer transmission scolaire, morale et religieuse ou areligieuse, et sont à la recherche de fragiles et provisoires compromis. D’autre part, les articles étudient des initiatives émanant des Églises pour contrecarrer la sécularisation et la laïcisation scolaire, tant en matière de réforme du catéchisme que d’événements comme les Journées mondiales de la jeunesse. Couvrant deux siècles d’histoire, ce dossier montre que la sécularisation de la société n’élimine pas la transmission religieuse, mais amène à une diversification de ses formes, avec un réinvestissement de l’espace public par les acteurs religieux.