Notre perception de l'art grec a longtemps exclu la couleur autant que la peinture, au profit de la blancheur marmoréenne de la sculpture et de l’architecture classique. Pourtant les noms des plus grands peintres de l’Antiquité, d’Apelle à Zeuxis, sont connus des artistes et des historiens de l’art au point de constituer, aujourd’hui encore, une référence en matière d’excellence picturale. Ce paradoxe a servi de point de départ à la réflexion ici proposée : pourquoi la peinture grecque antique occupe-t-elle une place si centrale dans l’histoire de l’art alors même que, d’une part, elle n’a été accessible pendant des siècles qu’à travers le seul filtre des descriptions antiques et que, d’autre part, l’usage de la peinture sur les statues et les reliefs des temples contredit l’idéal de blancheur longtemps associé à la Grèce antique ? Pourquoi peintres et théoriciens ont-ils toujours ressenti le besoin de renouer avec cette peinture ? Dans quelle mesure cette invention, qui est avant tout une rencontre in absentia avec la peinture antique, éclaire-t-elle de nombreuses productions artistiques de la Renaissance jusqu’à nos jours ? Cet ouvrage pluridisciplinaire regroupe les contributions de chercheurs en littérature classique et moderne, en histoire de l’art, en philosophie ou encore en archéologie et physique-chimie. Il interroge la réception de la peinture grecque antique de façon transversale, depuis l’Antiquité elle-même jusqu’à la création picturale la plus contemporaine, ainsi qu’en témoigne le film documentaire consacré au peintre Pierre Antoniucci joint à cet ouvrage.