Suppression programmée de la carte scolaire, mise en place de l'orientation « active » ou encore
accroissement de la part des enseignements optionnels au lycée : depuis plusieurs années l’institution
scolaire tend à libéraliser son offre et à déléguer un nombre croissant de décisions aux élèves et à leur
famille. Dans ce contexte, les choix multiples qui jalonnent les scolarités sont devenus un objet fortement
investi par la sociologie et les sciences de l’éducation, et à la pluralité des travaux répond une pluralité des
approches et des notions utilisées pour caractériser ces choix, allant de « stratégie » à « processus de prise
de décision ». Pourtant les enjeux théoriques forts liés à l’étude des choix scolaires sont souvent éludés
par le simple fait de mettre le terme « choix » entre guillemets, permettant de n’employer ce terme qu’à
demi-mot et d’éviter de trancher entre liberté individuelle et contraintes objectives.
À travers les contributions proposées dans ce dossier, il s’agit de se confronter directement aux enjeux
relatifs à l’étude des choix scolaires, qu’il s’agisse d’enjeux sociaux – quels sont les effets d’une libéralisation
de l’offre scolaire et d’une délégation des choix ? – ou d’enjeux théoriques – comment les choix contraints
sont-ils informés par les valeurs, les croyances ou les ressources des individus ? Peut-on articuler les notions
de choix et d’intériorisation de la nécessité ? La capacité à choisir est-elle socialement distribuée ? Autre
orientation forte du dossier : alors que la majorité des travaux sur la question se sont jusqu’ici focalisés
sur les classes moyennes et supérieures, les contributions accordent ici une place centrale à l’étude des
choix scolaires en milieux populaires, invitant notamment à questionner la dichotomie entre « choisissant
» et « non-choisissant ».
Loin de dresser un bilan ou de proposer des conclusions définitives, les textes présentés dans ce dossier
de la Revue française de pédagogie entendent attirer l’attention sur des enjeux théoriques parfois négligés
et relancer le débat sur ces questions essentielles.